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Islam et homosexualité : témoignages

Témoignage en provenance d'Arabie Saoudite (07-05-2009)

Salut à tous,

Mon nom est A. Je suis originaire d'une petite ville non loin de la capitale de l'Arabie saoudite, Riyadh. Lorsque j'étais adolescent, je pensai que l'attirance pour les garçons n'était qu'une étape naturelle et que je serai finalement attiré par des personnes de l'autre sexe, mais ce ne fût pas le cas !

J'étais désorienté, attristé et déprimé. Je me sentai rejeté, et différent, et ne pouvais en parler à personne, surtout dès qu'il s'agissait du sujet sexuel !

Aux alentours de 20 ans, je réalisais que j'étais définitivement gay et qu'être hétéro n'était pas une option. J'ai dû accepter ce fait en moi-même et le cachai pour être en sécurité. Je pense toujours qu'il doit exister une “cure” pour homosexualité. Tout le monde sait maintenant en quoi cela consiste, grâce à la télévison, aux médias et internet.

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L'islam condamne l'homosexualité. Mais l'Arabie séoudite semble être le seul pays à strictement appliquer la Shari'ah (loi). La sodomie y est pune de mort. Même si les condamnations sont variables, en février 2007, un homme a été condamné à mort et exécuté car reconnu coupable de relation avec un garçon (en plus d'autres crimes).

Si l'on demande à des habitants du pays ce qu'ils pensent de l'homosexualité, ils montrent leur degoût. La majorité dira : “je désapprouve, un homme n'est pas fait pour aller avec un homme.” Ou même pire :”Les hommes ayant du sexe avec d'autres hommes doivent être décapités !”

En dépit de ces condamnations publiques et légales, il y a un espace assez considérable pour les comportements homosexuels. Aussi longtemps qu'en public, les gays et lesbiennes observent une stricte obéissance aux normes islamiques, en privé, ils peuvent faire ce qu'ils veulent. De brillantes communautés gaies existent dans de grandes villes comme Riyadh et Jeddah. Elles se réunissent dans les écoles, les cafés, dans la rue et sur internet. Tu peux être “dragué” dans la rue à tout moment, mais il faut faire attention au risque de se faire arrêter par les membres de l'autorité religieuse appelée Muatwwa'in”.

Ce qui doit être également surprenant vu d'Occident, c'est que de nombreux hommes ayant des relations homosexuelles ne se considèrent pas pour autant comme homos. Pour de nombreux Saoudis, le fait d'avoir une relation momentanée n'est pas considéré comme “gaytitude”. L'acte en lui-même ne suffit pas à considérer complètement l'individu comme ayant une identité homo.

Etre gay en Arabie saoudite, c'est vivre une contradiction – avoir un permis sans pouvoir conduire, et se réjouir d'une mentalité générale très étroite sans espérer la moindre tolérance. Le placard n'est pas un choix mais une question de survie.

J'ai géré l'exploit inhabituel de conjurer le mariage, en divorçant, et sans me révéler comme étant gay. Le mariage m'aurait dévasté et l'exposition de mon homosexualité aurait détruit ma famille. Donc j'ai employé une série complexe de stratagèmes : une fausse petite amie, un engagement faux avec un cousin compatissant, l'interruption de l'engagement. J'ai construit le shéma et je l'ai réalisé... Mais de tels subterfuges ne sont pas avec des intentions malhonnêtes... Ils m'ont été nécessaires, comme bien d'autres comme moi si nombreux à vivre sous une fausse identité hétérosexuelle... Mais avec le temps j'ai appris à vivre sous cette fausse identité, je sais que je suis né comme ça et je dois vivre avec !

Que la paix soit avec vous.

A.


Témoignage en provenance de la Syrie (14-04-2009)

Je suis Syrien, j'habite Alep, la deuxième ville du pays. J'ai 32 ans et je suis confronté à cette situation dès l'instant où j'ai su que j'étais gay.

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Je vais essayer de faire court et de décrire en quelques points essentiels la lamentable expérience qui est la mienne.

1. Il est illégal d'être gay en Syrie et toute personne connue comme gaie est conduite en prison.
2. Les gens estiment qu'il est immoral d'être gay ou d'avoir des désirs homosexuels.
3. Nous avons quelques aires de drague dans le pays et elles sont souvent l'objet de descente de police, aussi internet est-il le moyen le plus sûr de rencontrer des gens.
4. Toute personne prise comme ayant payé pour obtenir des services à orientation homosexuelle et définis comme tels dans notre pays via internet peut être identifiée et arrêtée, aussi est-il très difficile et risqué de payer pour des services online.
5. Toute personne qui accède à des sites gays à partir d'un café internet peut être arrêtée.
Mon expérience personnelle la plus désastreuse : j'ai été renvoyé de mon travail parce que j'étais gay, on m'a menacé de me dénoncer et j'ai perdu toutes mes indemnités et le salaire qui m'était dû.

Actuellement, je ne vois aucun changement dans la façon dont les gays sont traités dans le pays. La situation est même devenue pire qu'il y a quelques années. Certains flics en civil en profitent même pour exercer du chantage à l'arrestation. Quand le mec ne peut plus payer, il est arrêté.

J'espère que les informations ici seront utiles. Ce que je souhaiterai, c'est que l'on puisse créer un forum pour aider ceux qui ont des problèmes pour vivre leur homosexualité et comment faire... Echanger. L'an dernier j'ai encore entendu le cas de deux suicides, et même si je ne peux pas être sûr à 100 % que cela soit lié, cela ne m'étonnerait pas que la situation qui est faite aux gays ici y soit pour quelque chose... ici comme dant tout le Moyen-Orient.

M.


Témoignage en provenance de Maroc (07-01-2009)

Je m'appelle N. J'habite à Casablanca et je vais te résumer ma situation en une seule phrase : "je suis malheureux". L'homosexualité est prohibée dans mon pays :"tout acte impudique commis entre 2 individus du même sexe est passible d'une peine de prison allant de 6 mois à 3 ans, ainsi que d'une amende".

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Chaque tentative de créer une association pour défendre nos droits se termine par une descente de police et des rafles dans nos rangs. Le poids de la religion et des moeurs de notre société empêchent la grande majorité des gays et lesbiennes de s'assumer ou de faire leur coming out ; nous sommes condamnés à vivre en cachette. Vu que je suis encore étudiant, je ne dispose pas de local et je n'arrive pas à avoir une quelquonque relation sexuelle ou affective comme chaque individu normal ; résultat : je suis névrosé ,angoissé ,insomniaque et sur le bord de la dépression. ET même si j'avais un partenaire, il me serait impossible de lui tenir la main en marchant dans la rue, de l'embrasser en public ou qu'il me prenne dans ses bras devant un coucher de soleil. A l'université, on m'insulte et on se moque de moi, dans la rue on m'agresse et on me tabasse, à la maison mes parents me fustigent et personne n'est là pour me défendre : je suis seul contre tous et je commence sérieusement à développer des idées suicidaires.

Je vous en prie faites du lobbying et exercez des pressions sur vos gouvernements occidentaux afin qu'ils fassent pression sur le nôtre de façon à ce qu'on recouvre nos droits fondamentaux. En vous écrivant, j'ai pris un énorme risque, si on m'arrète je vous prie de m'aider. Merci d'avance mère-grand tu es mon unique espoir actuellement et ça m'a redonné le sourire de t'écrire, un sourire que j'ai perdu depuis mon adolescence :)

N.


Témoignage en provenance d'Irak (16-12-2008)

Rien dans la constitution irakienne ne dit que l'homosexualité est illégale, tout dépend de l'endroit où vous vivez, et de l'ouverture d'esprit de votre environnement...Culture et religion auraient plutôt tendance à la rejeter car elle insulte et s'oppose à l'institution du mariage.

Culturellement l'homosexualité est désapprouvée par les religions d'Abraham car elle conteste l'institution du mariage. Dans la culture mésopotamiennne et pré-arabe, l'homosexualité était couramment pratiquée, preuve d'un très haut degré spirituel et la bisexualité était très répandue.

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De nos jours la mentalité en Irak et au Moyen-Orient est en général que si vous êtes l'actif, vous êtes considéré et perçu comme un étalon vigoureux et vous pouvez en être fier. Même si vous vous engagez dans un acte homosexuel vous pouvez à peu près échapper à la vindicte. Mais si vous êtes un passif, vous serez considéré comme une personne faible et non-masculine. Certains pourront alors vous voir comme une prostituée et vous traiter comme tel, passant d'un client à un autre. Si vous dormez avec un type avant qu'il ne vous soit affectivement attaché, vous pouvez être sûrs que vous ne serez plus respecté.

C'est pourquoi je ne sors pas quand je suis en Irak. Je ne vis mes relations qu'en dehors du pays. Bien sûr il y a des hommes convenables et des types sur qui vous pouvez compter, mais ils sont difficiles à trouver. Vous pouvez avoir du sexe avec des hommes hétéros ou bisexuels, ils sont partout, mais mon conseil est d'être toujours très prudent au travail et dans votre voisinage. Tout dépend de l'endroit où vous vivez, mais si la milice l'apprend et envisage de vous harceler, vous ne pourrez rien faire contre elle, il n'y a pas de possibilité de porter plainte contre elle.

Néanmoins, vous pouvez être gay en Irak, beaucoup de gens vous accepteront. Les amis n'arrêteront pas de vous fréquenter parce que vous aurez fait votre coming out. Evidemment, un homme effeminé et une femme masculine subira sans doute quelques railleries, mais pas jusque dans la sphère professionnelle.

Il a été question durant un moment dans les actualités d'escadrons de la mort pourchassant les gays. Cette information a été amplifiée par les médias, car il s'agissait en réalité d'une affaire circonscrite à certains milieux de prostitution masculine où certains individus étaient pris pour cible par certaines factions de la milice pour lutter contre d'autres factions... cela n'avait rien d'une attitude générale ou d'une chasse aux gays nationale. Et cette affaire n'a concerné que certains quartiers pauvres des environs immédiates de Bagdad.

A.


Egypte - Lettre (07-11-2008)

En Egypte, on peut constater différentes “classes sociales “gaies. Certaines sont aisées, cultivées et ont un travail. D'autres vivent dans la misère et traînent dans les rues. Ils ne sont pas forcément la majorité mais ce sont ceux qui sont les plus “visibles”. De toute façon, les gays fuient les autorités et surtout la police, car les hétérosexuels n'acceptent absolument pas la proximité avec les gays. Se rencontrer dans un endroit est toujours très risqué, il faut prendre beaucoup de précautions.

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Beaucoup profitent de la situation. J'ai ainsi rencontré quelqu'un de façon anonyme qui, au bout de la troisième fois, m'a volé mon téléphone portable et son copain voulait me faire la peau avec un couteau.

Comme nous n'avons aucun droit, nous ne pouvons pas déposer plainte pour “cela” à la police, ce qui fait que beaucoup d'agressions et de vols restent impunis. Je sais que récemment, un jeune de 23 ans, dénommé S., a même été assassiné. Les journaux en ont certes parlé, mais personne n'a relevé ou s'est inquiété plus avant de quoi il s'était vraiment passé.

J'ai entendu dire que la situation des gays dans les prisons s'était améliorée mais je ne le pense vraiment pas, je pense même que c'est le contraire. La police est spécialement violente et peu soucieuse de nous.
Les familles sont également très souvent impitoyables avec leurs enfants gays. Ce qui aggrave vraiment notre situation concernant la démocratie, le droit d'être ce que l'on est en toute liberté... et avec respect.

D.


Ouzbekistan - Lettre (01-10-2008)

Je dois admettre que vivre ainsi dans un pays tel que l'Ouzbekistan n'est pas facile, et le problème est surtout dans l'attitude des gens autour de vous.

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La majorité de la population est encore de souche très traditionelle, et pour elle, il est très difficile d'accepter ce qui est différent, et ce qui est, pour certains, un pêché. Dans ce pays de plus de 25 millions d'habitants, il n'y a aucun bar, boîte ou disco gay. Le seul moyen de rencontres est internet, pour ensuite essayer un rendez-vous privé. Mais la plupart des gens ont peur de s'afficher, et craignent d'être reconnus et agressés.

Tout le monde a peur d'être découvert, d'être reconnu comme “gay” et d'être insulté, ce qui est l'insulte la plus humiliante ici. Personnellement, je n'en ai parlé à personne. C'est la raison pour laquelle je ne publierai sans doute jamais une photo de moi, car je vis en Ouzbekistan. Personnellement, j'ai subi quelques insultes quand j'étais à l'école et une ou deux fois dans la rue. J'ai été tellement choqué que je n'ai pas donné suite et je n'ai pas réagi.

Rien ne change ici pour ce qui concerne les droits des gays. Et rien n'arrivera de bien puisqu'il existe toujours une loi prohibant l'homosexualité. J'espère qu'un jour peut être cette situation changera, mais ca n'est pas pour demain.

B.


Emirats Arabes Unis - Lettre (20-08-2008)

Ce pays compte un certain nombre de garçons et d'hommes qui pourraient tout à fait s'affirmer comme gays, mais la peur de la persécution par la famille, les amis, la religion et la loi les en empêche. Il est assez triste de constater qu'ici aussi, dans cette partie du monde, c'est surtout en termes culturels que l'homosexualité est bannie. Je peux personnellement dire, après avoir vécu tant d'années dans ce pays, que ce sont surtout les cultures et circonstances locales qui créent les blocages.

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La persécution contre les gays peut revêtir de multiples formes. Certaines sont simplement mondaines et très superficielles, ceci dans la “haute société” du pays. Il est certain que quand cela se sait, il est ensuite très difficile d'obtenir des invitations. C'est la ségrégation “par le haut”. Pas seulement pour ceux qui l'affichent de manière peu intelligente ou provocatrice, compte tenu de la façon dont la culture locale “envisage” le problème.

Je respecte les lois de mon pays ainsi que sa culture et je n'encourage pas l'homosexuel à faire acte d'ostentation. Juste qu'il soit considéré en tant qu'individu et non pas traité différemment des autres, sans que la peur d'être considéré comme un criminel ou toute autre accusation sans fondement vienne se greffer à ce qui est déjà en soi lourd à porter.

D'un autre côté, c'est aussi par ce biai que je reçois de nombreuses preuves d'amour sous différentes formes. J'ai été moi aussi blessé et rejeté, mais je continue à aimer ce pays, c'est là que je vis, que je fais ma vie, quoiqu'il advienne.

J'ai eu tellement d'histoires merveilleuses, dans bien des endroits différents, avec des expatriés, des militaires, des adonis, des locaux, dans le désert, sur la plage, en privé, je ne peux me souvenir de tout. Certains je les ai oubliées, d'autres je continue à en caresser le souvenir. J'ai été violé et humilié, jeté en prison pour certaines choses que je n'avais pas commises. Heureusement, j'en suis sorti. Ce pays continuera à pourchasser les gays tout en fermant les yeux parfois sur ce qui pourtant ne peut que se passer, car c'est dans la nature de l'homme d'admettre aussi cette attirance.

J.


La Turquie - La bataille pour la légalisation de Lambda Istanbul(20-06-2008)

Je m'appelle Emrecan. Je suis un gay de 30 ans, volontaire tout récent pour LambdaIstanbul, une organisation LGBT créée en Turquie il y a quelques années. LambdaIstanbul a été ouverte dans le but d'être un point de rendez-vous et de contacts pour les minorités sexuelles, mais aussi de proposer une hotline ainsi qu'un centre culturel. J'ai découvert mon homosexualité à Ankara (ma ville natale). LambdaIstanbul étant la plus ancienne association LGBT ici en Turquie, cela semblait naturel pour quelqu'un souhaitant s'engager pour la reconnaissance des droits homo de vouloir s'y investir. Aussi c'est tout naturellement que j'y suis entré lors de mon arrivée à Istanbul et que j'y travaille comme volontaire.


Cependant, le 29 mai, une cour locale de justice a décidé de fermer Lambdaistanbul. L'association s'était déjà battue pour sa reconnaissance légale depuis juillet 2007, sur plainte déposée par le Bureau du Gouverneur d'Istanbul, qui finalement, décida de poursuivre l'organisation devant une cour plus haute, bien que le Procureur ait rejeté la demande initiale de fermeture de LambdaIstanbul. La décision finale a donc conduit à la fermeture de l'organisation pour “propos immoraux et contraires aux valeur familiales turques”.

Les volontaires de LambdaIstanbul vont maintenant requerir en seconde instance auprès de la cour d'Appel, avec l'objectif de faire annuler cette décision. Si cela ne passe pas, nous sommes décidés à porter l'affaire devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme. En tout état de cause, nous sommes tous révoltés de voir comment ce genre de décision bafoue les droits humains les plus élémentaires.

Bien heureusement, nous avons reçu un nombre considérable de soutien national et international. Nos conférences de presses et manifestations de protestation ont toujours remporté beaucoup de succès, attirant de manière bienveillante l'attention des médias et de tous sur la situation des gays et lesbiennes turcs. A noter qu'également en France, Allemagne ainsi qu'aux Pays-Bas, des manifestations de protestation similaires ont été organisées en solidarité dans les dernières semaines, ceci quelques jours seulement après la publication par Human Rights Watch d'un rapport sur la situation des droits LGBT en Turquie, un mois avant la GayPride d'Istanbul organisée ici par LambdaIstanbul.


Il fallut un certain nombre de tentatives d'organisation de GayPride à Istanbul dans la dernière décennie pour que finalement, en 2005, celle-ci puisse enfin s'organiser régulièrement et avec succès. A Istanbul, chaque dernière semaine de juin, sont organisés de nombreux concerts, parties et activités culturelles et publiques, jusqu'à la Parade finale de la Pride dans le centre ville. La dernière édition, avec près de 1500 personnes, a été un très grand succès, réunissant entre autres ambassadeurs, artistes et décideurs politiques. Nous souhaitons pouvoir, cette année encore au cours du 29 juin prochain, jour de la prochaine GayPride, manifester encore davantage et obtenir par un succès encore plus manifeste, un soutien incontestable avec lequel les autorités devront compter (notamment de deux parlementaires européens). tu trouveras ici sur GayRomeo ainsi que sur le site en anglais et turc de LambdaIstanbul le programme complet de la GayPride.

Ceci pour finalement obtenir l'annulation de la décision de justice et permettre à LambdaIstanbul de retrouver une existence légale. Ceci afin de lui permettre de continuer son travail d'information auprès des personnes LGBT et de leurs familles, de poursuivre aussi son travail de documentation sur la violation des droits de l'homme via les minorités sexuelles, et l'affirmation, l'acceptation et la légalisation de notre droit à être reconnus et protégés par la loi turque. Nous avons également l'intention d'organiser une campagne avec pour thème “Pas touche à mon Association” afin d'attirer davantage l'attention.

Notre but est d'obtenir pour les groupes LGBT une vitrine légale avec Lambda, qui puisse ensuite discuter avec le gouvernement et les corps constitués. Si tu souhaites nous soutenir de ton pays, merci de signer notre pétition (texte disponible en anglais, français, allemand et turc), qui sera ensuite envoyée au Président de la République, au Premier Ministre, au Président du Parlement et aux responsables de la Commission Constitutionnelle (Droits fondamentaux).

Si tu souhaites être tenu constamment informé de nos progrès ainsi que de notre actualité, tu peux régulièrement visiter lambdaistanbul.org ou joindre le groupe “Lambdaistanbul” sur Facebook.


Ile Maurice - Lettre (13-06-2008)

La vie gaie à l'Ile Maurice n'est pas facile. Même si nous sommes un pays avant tout touristique, il y a encore beaucoup de préjugés et cela engendre de la violence. Les gays et lesbiennes sont la proie de nombreux stéréotypes et jugements très violents. Je pense en premier lieu à la violence physique et surtout verbale qui peut s'exercer contre nous. J'ai moi-même éte agressé verbalement en public par des hétéros qui étaient fiers de montrer leur haine des gays.

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La situation est un peu plus meilleure à Port Louis, [capitale], dans le sens où il y a plus de touristes, et les gens sont plus tolérants. Récemment, une amie lesbienne a fait l'objet d'une agression sexuelle par des hétéros qui ont souhaité la remettre “dans le droit chemin” de force, prétextant qu'être gay “n'était pas africain”. Elle fût très choquée psychologiquement par cette expérience et n'a pu trouver aucun secours psychologique et médical, dans le sens où avouer son homosexualité même à un médecin n'est pas facile ici.

L'Eglise est aussi un obstacle majeur aux gays ici, non seulement à Maurice mais aussi dans toute l'Afrique. On peut penser que l'Eglise est le refuge pour les exclus mais lorsque l'on est gay, c'est tout le contraire... J'ai plusieurs fois été menacé de brûler en enfer par un prêtre si je ne changeais pas d'orientation sexuelle. Je me souviens également la première fois où, à l'école, je fus surpris avec un petit camarade à jouer un peu sexuellement... Ce qui est normal lorsque l'on est ado fût puni très sévèrement par le maître d'école par des coups de cane, qui nous empêchèrent de nous assoir pendant de longs jours.

Il y a 5 ans, un ami a été surpris avec un touriste par deux hommes, qui l'ont puni de cet acte par l'introduction d'un stylo dans son pénis. Il y a tellement de choses horribles qui se passsent sans que les journaux ou médias africains en parlent que tout cela se propage et se passe sans que personne ne réagisse... C'est cà le pire. Nous n'avons aucun droit, aucune liberté, nous devons nous cacher, et faire très attention à nos actes, en permanence. Il faut en plus être certain de ses proches et de sa famille si on veut vivre un peu à jour ouvert... De plus, pour avoir un travail, dire que l'on est gay n'est pas la meilleur chose à faire. On est très vite blacklisté.

La seule solution lorsque l'on est gay et africain et que l'on veut vivre avec son partenaire est de quitter son pays pour l'Afrique du Sud où les gays sont libres de vivre ensemble. Ou alors d'essayer de trouver un partenaire dans un pays libre et d'immigrer. Ce qui est paradoxal, c'est que le christianisme, qui est la religion la moins présente en Afrique, est celle qui est la plusretrograde et antigaie.

Pour conclure, je pense qu'il faudrait que le médias prennent conscience de cette situation africaine. Pour l'instant, seuls les problèmes de guerre ethnique, de pauvreté et de malnutrition suscitent l'intérêt des médias occidentaux, la situation des libertés individuelles est tout autant catastrophiques mais on n'en parle pratiquement jamais. Même si le développement peut conduire à quelques progrès isolés, l'Afrique reste à 99 % des cas une société divisée et clanique où les religions, Islam, Hindouisme, Christianisme ou autres religions africaines ne font pas évoluer les mentalités. Je rêve réellement d'un jour où, dans mon pays, je pourrais marcher main dans la main avec mon partenaire/amoureux/ami/ et apprécier pleinement notre liberté sans pour cela être insulté et attaqué...

A.


Nigéria - Lettre (17-05-2008)

Salut à toi, adorable Mère-Grand qui prend si bien grand soin de tes fistons !
Je m'appelle C. Je suis né à Enugu, Etat du Nigéria où je vis avec mes parents qui travaillent pour le gouvernement. Nous sommes trois garçons et trois filles dans la famille.
Je suis le dernier des garçons, j'aime ma famille et j'ai toujours été un très bon fils. En grandissant, je me suis aperçu que je regardais les hommes, c'est comme ça que j'ai su que j'étais gay.

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Mes expériences : j'ai eu une aventure dans ma classe supérieure à l'école, et nous étions très amoureux l'un de l'autre. Nous nous baignions ensemble et partagions ainsi ce secret connu de nous seuls. Un jour j'ai dû aller à Lagos à l'Université, où j'ai rencontré un autre garçon bisexuel. J'étais assez content d'en avoir trouver un car ici au Nigéria c'est très difficile.

Un jour, j'étais en train de me lever lorsque quelqu'un toqua à ma porte. J'allais ouvrir et c'était lui qui disait qu'il voulait me parler. C'était très tôt le weekend, aux alentours de 7.30 du matin. Il me demanda si j'étais membre d'un culte secret, et quel était mon pouvoir de séduire ainsi un mec comme lui et d'avoir du sexe avec moi sans qu'il puisse résister. Je lui ai répondu par la négative.

Il commença alors à crier, alertant les voisins en disant que j'étais homosexuel et qu'il ne m'avait jamais vu avec une fille, chose que les voisins confirmèrent également. Ceci créa beaucoup de problè me avec le voisinage et ils avertirent mon propriétaire, qui me confirma que je devais être discret, mais je le remerciai néanmoins de ne pas m'avoir jeté dehors. Mais le mec n'en resta pas là, il appela au téléphone ma famille pour les avertir...
Ma mère en tomba malade, mes frères m'appelèrent pour me dire des choses peu agréables ainsi que mes soeurs qui se montrèrent choquées, en disant qu'elles ne voulaient plus me voir et que je ne faisais plus partie de la famille. Je pleurais car je me retrouvai seul. Même le choeur où je chantais apprit la nouvelle et me demanda de ne plus venir et faire partie du groupe. Je commençais donc à essayer de vivre seul et rejeté de tous, tel un marginal, abandonné par ma famille et essayant de survivre seul et sans aide.

Finalement, après quelques temps, les relations avec ma famille sont redevenues normales, mais mes frères et soeurs ainsi que mes parents m'acceptèrent à condition que je fasse attention avec le gourvernement. Maintenant, avec mes proches également hétéro, cela se passe bien, je suis accepté tel que je suis sans problème.

Je suis 100 % gay et je sais qu'un jour je rencontrerai l'homme de ma vie, celui avec qui je pourrais vivre pleinement pour toujours.

C.


Iran - Lettre (le 28 fév. 2008)

Je suis né en septembre 1980, en Iran. J'étais seul et rempli de honte. Je n'ai jamais rencontré d'autre gay et je pensai être un monstre. J'ai prié pour devenir une bonne personne, une personne normale. Puis j'ai découvert internet et me suis aperçu que je n'étais plus seul.



Après cela, j'ai essayé de découvrir qui j'étais vraiment et ce que je devais faire avec mon identité sexuelle. J'ai commencé par un travail d'avocat pour la comunauté gaie en Iran, mais mon activité m'a conduite à être inquiété par les autorités iraniennes et j'ai dû fuir le pays le 4 mars 2005

Il était 12 h 45, je n'oublierai jamais cette heure. J'ai dû quitter tout ce qui était ma vie, m'éxiler, c'était intolérable, insupportable, mais nécessaire. Ce train m'a conduit en Turquie, où j'ai été enregistré comme réfugié auprès du bureau des Nations Unies du Haut Commissariat aux Réfugiés d'Ankara. En quittant l'Iran, je m'étais juré de continuer à supporter la communauté gaie iranienne et que cela serait ma contribution personnelle.

Trois mois après mon arrivée en Turquie, mon cas a été reconnu, et deux mois plus tard j'ai été invité par l'ambassade du Canada à Ankara. Huit mois plus tard, je suis arrivé au Canada. L'homophobie est très présente dans la société iranienne. Ceci reflète, en partie, l'influence du conservatisme islamique que promeut le gouvernement. l'ayatollah Ruhollah Khomeini est devenu célébre en désignant les homosexuels comme “parasites et corrupteurs de la Nation” qui “disséminent les gênes de la nocivité”. Ceci reflète aussi une société patriarcale d'un système social qui n'autorise la sexualité qu'à seule fin de reproduction.

Avant que je ne fuis en Turquie, trois de mes amis proches se sont suicidés à cause de leur orientation sexuelle. Plus récemment, deux gays d'une vingtaine d'années ont été arrêtés par la police pour avoir organisé une petite party privée. Les deux garçons ont reçu en public 80 coups de fouet chacun. Je ne sais pas si j'aurai pu moi-même enduré un seul coup, j'admire leur courage.

Après avoir reçu cette punition, l'un de deux a demandé à son exécuteur s'il se sentait plus proche de Dieu après avoir commis cette sentence inhumaine. Leur vie, comme beaucoup pour ne pas dire toutes celles des autres LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transexuels) en Iran, est réellement misérable.

“Depuis mon enfance, je n'ai jamais éprouvé d'attirance physique pour l'autre sexe ; bien sûr, je suis homosexuel” raconte Farsad, 26 at 21, afin de rencontrer d'autres personnes comme lui, il a mis en ligne un blog très populaire. La police secrète a trouvé son adresse IP et l'a arrêté. Il a passé trois semaines en isolement complet, puis accusé d'obscenité, promoteur de valeurs décadantes et d'homosexualité.



L'hiver dernier, Farsad a rencontré Farnam lors d'un chat gay. Après avoir correspondu un certain temps, ils décident de s'installer comme couple, pas officiellement, mais néanmoins réellement. Ils ont organisé une petite réception pour recevoir des amis proches... 15 minutes après que leur party ait commencée, une descente de police est intervenue et tout le monde a été arrêté.

Ils ont été brutalement frappés, reporte Farsad, puis enmenés dans un centre de détention de la police. Ils ont passé la totalité du nouvel An perse dans une cellule. “Nous avons été battus de façon inimaginable et la douleur des coups reçus était permanente, je ressens encore la violence des coups de poing que j'ai reçus dans la figure” raconte Farsad.

Comme dans le reste du Moyen Orient, l'Iran se distingue en particulier pour la sévérité des peines relatives à une conduite homosexuelle consentante. “Sodomie et lavat (Acte sexuel consommé entre individus mâles, avec ou sans pénétration) est punissable par une exécution, sans distinction de celui qui est actif ou passif.

l'article 111 du Code Pénal islamique considère que le “lavat” est punissable de mort aussi loin que les partenaires actifs et passifs sont consentants, adultes et on agi en toute connaissance de cause. Comme prévu par les articles 121 et 122 du même Code Pénal, le “Tafkhiz” (attouchement de fesses ou autre partie du corps sans pénétration et consentant) est punissable par cent coups de fouet pour chaque partenaire. La récidive est punissable de mort.

L'article 123 du Code Pénal prévoit également que 2 hommes, non liés par le sang et couchant dans le même lit nus sous les mêmes couvertures sans nécessité”, recevront chacun 99 coups de fouet. Les lesbiennes iraniennes ne sont pas autorisées à avoir une existence. Nombre sont celles à vivre dans le mensonge, forcées par leur famille ou la société à épouser un homme. Les femmes reconnues quatre fois comme lesbiennes seront condamnées à mort.

A chaque arrestation, ces femmes sont violées, fouettées et torturées à mort. Porter plainte pour viol est également très difficile à vivre et à défendre pour les proches puisque le viol en lui-même est considéré comme avilissant et honteux pour la victime elle-même.

Comme prévu par le Code Pénal Islamique, une personne peut être reconnue comme sodomite si elle le confie à quatre reprises. La pratique de la torture est très présente en Iran, et torturer un prisonnier pour lui extorquer des confessions est monnaie courante. Les confessions extorquées après tortures sont considérées comme des preuves formelles par les tribunaux. La punition par mort pour le “lavat” n'est pas qu'un document officiel de menace : c'est une réalité appliquée



Les procès pour moeurs en Iran ont souvent été filmés et l'opinion internationale a tellement été émue et révoltée par la fréquence d'exécutions et leurs atrocités ont amené le gouvernement à exercer un contrôle strict sur les rapports de presse et la peine de mort. Les journalistes ne pouvant exercer leur métier normalement, il est pratiquement impossible de connaître l'étendue des procès pour “lavat”.

Le 13 novembre 2005 l'organe de presse semi-officiel “Tehran Daily Kayhan” a rapporté que la sentence de mort a été prononcée pour “lavat” contre deux hommes , Mokhtar, 24 ans et Ali, 25, à Gorgan. La sentence a été exécutée par pendaison. Le 15 mars 2005 le quotidien Etemad a rapporté que deux hommes on été condamnés à mort après que la femme de l'un d'entre eux ait découvert une bande vidéo les montrant engagés dans des actes homosexuels.

En novembre 2005 , un jeune homme de 18 ans a été brûlé à mort par son père à Rasht. En apprenant l'homosexualité de son fils, et afin de laver cet affront aux yeux de la société, il a versé de l'essence sur lui ainsi que sur son fils et a enflammé une allumette. Le garçon est mort des suites de ses brûlures, le père a survécu à ses brûlulures aux mains et à la face. De nombreux gs iraniens condamnés à fuir nous ont aussi rapporté certains témoignages.

En novembre 2006, l'agence de presse nationale IRNA a rapporté que Shauba Darvishs avait été exécuté à Kermanshah. Selon le Département de la Justice, il a été reconnu comme coupable d'actes de sodomie.

Taraneh est une lesbienne iranienne qui vit maintenant en Europe. Elle avait 21 ans la première fois où elle fût arrêtée par la police. Elle a passé 27 mois en prison et reçu 280 coups de fouet. Elle a rapporté avoir été sévérèment torturée et forcée à avouer son lesbianisme. Elle passa ensuite de nombreux jours en isolement total, sans recevoir aucun soin sanitaire ou infirmier.

Sayeh est l'un des nombreux Iraniens transexuels ayant expérimenté la torture d'etat et les arrestations pa r le gouvernement. Arrêté à plusieurs reprises par les forces de l'ordre et humilié, insulté, passé à tabac, poussé dans un véhicule fermé et conduit en centre de détention.

Tous ses exemples plus hauts décrivent comment la société iranienne, l'Etat, la société et les familles s'unissent en créant une atmosphère de peur, de pression et d'intimidation constantes pour les gays iraniens. J'ai encore de nombreux témoignages à disposition que je ne peux tous rapporter mais un seul suffit pour contredire le président Ahmadinejad qui disait récemment :”il n'y a pas de gays en Iran comme dans vos pays...”

Oui il y a des gays en Iran et ils ont besoin de notre aide et de notre soutien. Maintenant.

Arsham Parsi
Directeur exécutif de l'IRQO (Iranian Queer Organization)
(basée à Toronto, Canada).
Infos sur : www.irqr.net

Iranian Queer Organization – IRQO
Organisation gaie et lesbienne “officielle”-PGLO
Tél : 001-416-548-4171

Extraits de témoignages publiés par le site Gayroméo